mercredi 8 janvier 2014

Culture : quand l'exception française joue les fortes têtes

S'il y a un mariage ancien et réussi en France, c’est celui de la culture et de l’État ! Les images vous viennent en gerbe : Louis XIV et Molière, la Révolution et le Louvre, l’Empire et l’opéra, Malraux et les Maisons de la culture… Les artistes s’intéressent à la vie politique et on apprécie qu’un chef d’État aime la littérature. C’est une singularité que ne partagent pas nos voisins mais qui est bien ancrée chez nous. Mais voilà ! Ce mariage va-t-il se prolonger ? Les budgets publics se rapetissent, à cause de la crise. Et la mondialisation met en lumière un autre modèle de politique culturelle où l’État s’efface devant le mécénat et les acteurs privés. Alors, ce qu’on appelle « l’exception culturelle » française est-elle en panne ?

Face à la crise, la culture malmenée.

L’apport global de l’État est estimé à 7,5 milliards d’euros, provenant principalement du ministère de la Culture et accessoirement de ceux de l’Éducation nationale et des Affaires étrangères. Et, à présent, les subventions culturelles des collectivités territoriales (Régions, départements et communes) représentent presque l’équivalent. À titre de comparaison, on évalue l’apport global du mécénat privé à 0,26 milliard. La culture est donc principalement financée par l’État et les collectivités locales. Mais la crise économique, depuis 2008, est passée par là : les budgets publics sont enserrés dans de fortes contraintes ; la dépense culturelle est une des premières à être rognée. Là où elle n’est pas réduite, elle ne progresse pas. Alors comment faire ?  Les grandes institutions culturelles, que ce soit les opéras de Paris, de Bordeaux, de Lyon, les musées nationaux, les théâtres publics voient leurs subventions stagner tandis que leurs coûts augmentent très vite. Tous se sont engagés dans la recherche de crédits privés : le mécénat permet à des entreprises de financer leurs activités en bénéficiant de crédits d’impôts ; les ressources propres (vente de billets d’entrée, activités annexes comme la restauration, la vente d’objets siglés, les « boutiques »…). L’Opéra national de Bordeaux a réuni les soutiens des banques régionales, du casino, de Safran, Thalès, Veolia… et aussi des grands vignobles tels Haut-Brion ou Château Pichon, qui marquent leur intérêt pour la valorisation de l’image de Bordeaux.